sexta-feira, 30 de janeiro de 2015

FIFA : Blatter et ses trois prétendants


  

  

FIFA : Blatter et ses trois prétendants




La date limite du dépôt des candidatures à la présidence de la Fédération internationale de football (FIFA) était fixée jeudi à minuit. Pour la première fois dans l’histoire de la FIFA, ils seront quatre à briguer, le 29 mai, lors du congrès de Zurich, les suffrages des 209 fédérations nationales constitutives de l’organisation. S’ils étaient cinq à vouloir mettre un terme au règne du dirigeant sortant Joseph Blatter, en poste depuis 1998 et candidat à un cinquième mandat de quatre ans, seuls trois challengers ont réussi à respecter le point 13 du « règlement électoral » de la FIFA. A savoir « avoir joué un rôle actif dans le football […] pendant deux des cinq dernières années » et « présenter des déclarations de soutien d’au moins cinq associations [nationales] ».


 Lire aussi notre éditorial : Carton rouge… à Joseph Blatter
A bientôt 79 ans, le Suisse Joseph Blatter est le grandissime favori dans la course à sa succession. Le Valaisan est d’ores et déjà soutenu par cinq des six confédérations continentales, dont l’Afrique et ses 53 nations. Désireux de s’accrocher à son trône coûte que coûte, le patriarche fête en 2015 ses quatre décennies de présence dans l’administration de la FIFA, où il était arrivé en tant que directeur des programmes de développement. Réélu sans opposant en 2007 et 2011, le quasi-octogénaire est confronté à un inédit front anti-Blatter alors que l’image du gouvernement du football mondial se dégrade, entre soupçons de corruption, démissions et exclusions en série au sein du comité exécutif, manque de transparence, verrouillage politique et attribution controversée des Mondiaux 2018 et 2022, respectivement à la Russie et au Qatar. Tour d’horizon des adversaires de l’inamovible patron de la FIFA. 
Le prince Ali Bin Al-Hussein (Jordanie), 39 ans :
Dirigeant de la Fédération jordanienne et demi-frère du roi Abdallah II, le prince Ali Bin Al-Hussein s’est porté candidat le 6 janvier. Membre du comité exécutif et vice-président de la FIFA depuis 2011, il n’avait donc pas participé, le 2 décembre 2010, au vote d’attribution des Mondiaux 2018 et 2022. A l’automne 2014, il avait réclamé la publication du rapport d’enquête de l’ex-procureur américain Michael J. Garcia sur les conditions d’obtention des deux prochains tournois planétaires. Il était soutenu dans cette démarche par d’autres membres du comité exécutif tels le Nord-Irlandais Jim Boyce, Sunil Gulati (Etats-Unis), Jeffrey Webb (îles Caïman) et le Français Michel Platini.

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Le prince jordanien Ali Bin Al-Hussein (à gauche), candidat à la présidence de la FIFA, en compagnie du dirigeant sortant Joseph Blatter.
Le prince jordanien Ali Bin Al-Hussein (à gauche), candidat à la présidence de la FIFA, en compagnie du dirigeant sortant Joseph Blatter. | Reuters

Ce dernier, ex-conseiller de Joseph Blatter mais devenu depuis son « meilleur ennemi », le patron de l’Union des associations européennes de football (UEFA) s’est d’emblée réjoui de la candidature du dirigeant jordanien : « Je connais bien le prince Ali. Il a toute la légitimité pour occuper les plus hautes responsabilités. Nous allons maintenant attendre ses propositions et son programme pour l'avenir du football. » « Je me porte candidat (…) parce que j'estime qu'il est temps de sortir des polémiques internes pour revenir au sport, a fait valoir le prince, qui est par ailleurs membre du comité exécutif de la Confédération asiatique de football (AFC). Cela n'a pas été une décision facile. Elle est le fruit d'une longue réflexion et de nombreuses discussions avec des collègues respectés à la FIFA. » Il a notamment égratigné la présidence de Joseph Blatter : « Le football mérite une gouvernance de classe mondiale et un modèle d'éthique. Le message que je n'ai cessé d'entendre est que le temps est venu pour un changement. » 
Personnalité respectée, Ali Bin Al-Hussein ne fait actuellement pas l’unanimité au sein de la Confédération asiatique, qui soutient officiellement Joseph Blatter. L'influent koweïtien Sheikh Ahmad Al-Fahad Al-Sabah, président du Comité olympique asiatique (OCA), a d’ailleurs réitéré son soutien au Suisse, jugeant qu’il « était trop tôt » pour le prince de se présenter à la présidence de la FIFA.
Michael van Praag (Pays-Bas), 67 ans :
Président de la Fédération hollandaise de football depuis 2008, le sexagénaire au crâne glabre et aux yeux cerclés de petites lunettes est sorti de l’anonymat le 10 juin 2014, à la veille du Congrès de la FIFA à Sao Paulo (Brésil). Ce jour-là, le dirigeant batave avait apostrophé Joseph Blatter alors que l’Helvète venait d’annoncer aux délégués européens qu’il venait de « changer d’avis » et souhaitait « poursuivre sa mission » à la tête de l’institution. Le Néerlandais s’est alors levé et s’est directement adressé au Suisse : « Je vous aime beaucoup, n’y voyez rien de personnel, mais la réputation de la FIFA est aujourd’hui indissociable de la corruption, la FIFA a un président, vous êtes donc responsable et vous ne devriez pas vous représenter. »
Alors qu’il a attendu vainement l’émergence d’un « candidat crédible comme Blatter » tel que Michel Platini, Michael van Praag s’est finalement lancé dans la course, mardi 27 janvier. Réputé pour son intégrité, ce membre du comité exécutif de l’UEFA a donné une première conférence de presse, le lendemain, au stade olympique d’Amsterdam. « La suspicion plane constamment sur la FIFA : conflits d’intérêts, népotisme, corruption », a lancé le Batave. L’ancien président du club de l’Ajax et vainqueur la Ligue des champions en 1995 a indiqué qu’il avait reçu les parrainages de la Belgique, de la Suède, de l’Ecosse, de la Roumanie et des îles Féroé. Ironiquement, il a proposé une porte de sortie à Joseph Blatter, l’invitant à prendre la tête d’une « Fondation Sepp Blatter », au service des « enfants défavorisés ».

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Le dirigeant de la Fédération hollandaise Michael van Praag, candidat à la présidence de la FIFA.
Le dirigeant de la Fédération hollandaise Michael van Praag, candidat à la présidence de la FIFA. | Reuters

Michael van Praag a indiqué qu’il ne briguait qu’un seul mandat de quatre ans et souhaitait, à son terme, passer le témoin à une nouvelle « génération ». « Je n’ai rien contre M. Blatter. En vérité, je l’aime beaucoup. Cependant, quelqu’un qui a dirigé aussi longtemps une organisation et qui est devenu l’incarnation de son image déplorable ne peut plus être le symbole d’une opération de modernisation d’une nouvelle FIFA », a-t-il assuré. Il a indiqué qu’il entamerait bientôt sa campagne en approchant des « figures clés » du football. Il a notamment reçu le soutien de Mino Raiola, l'agent italo-hollandais de Zlatan Ibrahimovic, qui avait hésité à se porter candidat.
Luis Figo (Portugal), 42 ans :
Il sera l’attraction médiatique de cette élection. A la surprise générale, l’ancien international portugais (127 sélections entre 1991 et 2006) Luis Figo a annoncé, mercredi 28 janvier, soit la veille de la date limite du dépôt des candidatures, qu’il se lançait dans la course. « Je me soucie du football et quand je regarde l’image de la FIFA – pas seulement maintenant, mais lors des dernières années –, je n’aime pas çaSi vous tapez FIFA sur Internet, le premier mot qui apparaît, c’est scandale. Nous devons nous employer à faire évoluer cette image. Le football mérite mieux que ça », a expliqué lors d’un entretien accordé à la chaîne américaine CNN l'ancienne star du FC Barcelone (1995-2000), du Real Madrid (2000-2005) et de l'Inter Milan (2005-2009), qui déclinera son programme « dans les prochaines semaines ».
L'attribution controversée des Mondiaux 2018 et 2022, respectivement à la Russie et au Qatar, serait à l'origine de sa décision. « Quand j’ai vu que le rapport de Michael J. Garcia ne serait pas publié, j’ai pensé que c’était le moment de faire bouger les choses. Si vous êtes transparent, si vous demandez une enquête et que vous n’avez rien à cacher, pourquoi ne pas rendre ce rapport public ? s'est interrogé le Ballon d'or 2000, qui pourrait faire de l'ombre médiatique à ses rivaux en vertu de sa notoriété. Si vous n’avez vraiment rien à cacher, vous devez le faire. »
Finaliste de l'Euro 2004 et arrivé troisième du Mondial 2006 avec le Portugal, Luis Figo a assuré avoir recueilli, avant la date limite du dépôt des candidatures prévue jeudi 29 janvier à minuit, cinq parrainages émanant de fédérations nationales, condition sine qua non pour être retenu pour l'élection programmée le 29 mai. « C'est une élection difficile, mais Luis fera preuve de ténacité pour faire valoir ses points de vue sur ce dont a besoin le football », a indiqué la Fédération portugaise de football, qui soutient naturellement son compatriote.
Depuis 2011, l'ex-star lusitanienne, formée au Sporting Lisbonne, qui totalise 577 matchs en club, était membre de la commission du football de l'Union des associations européennes de football (UEFA). Le stratège de la Selecçao avait mis un terme à sa carrière  en 2009. Au cours de sa longue et riche carrière, il s'est notamment forgé un palmarès éloquent (24 titres en club dont une Ligue des champions  en 2002 avec le Real Madrid, quatre titres de champion d'Italie et deux titres de champion d'Espagne).

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L'ex-international portugais Luis Figo, candidat à la présidence de la FIFA.
L'ex-international portugais Luis Figo, candidat à la présidence de la FIFA. | Reuters

Luis Figo a notamment reçu le soutien de son ancien entraîneur à l'Inter Milan (2008-2009) et compatriote José Mourinho. « La candidature de Luis Figo est un grand pas pour le football. Sa longue carrière garantit le meilleur pour le futur. Je crois en son caractère et en sa détermination, aussi bien qu'en sa passion pour le jeu. Il sera un président focalisé sur le football et son avancée globale, agissant étroitement avec les Fédération», a estimé le « Special One » dans un communiqué. Les deux hommes avaient également travaillé ensemble lorsque José Mourinho était entraîneur adjoint au Sporting Lisbonne (1992-1994) et au FC Barcelone (1996-2000). L'ex-capitaine de la sélection du Portugal a également reçu l'appui de l'ancien défenseur blaugrana (1989-1995) Ronald Koeman.
Alors qu’il a renoncé à se présenter, l'ex-patron de la Fédération chilienne Harold Mayne-Nicholls a laissé entendre, mercredi 29 janvier, que Luis Figo serait le candidat soutenu par l’UEFA. « La candidature de Luis Figo a été mise en avant par Michel Platini », a-t-il estimé. « Nous attendons d'en savoir davantage sur leurs programmes pour l'instance et pour le jeu », a de son côté déclaré Pedro Pinto, porte-parole de l'UEFA.
Deux autres candidtas n'ont pas obtenu les cinq parrainages pour se présenter
Jérôme Champagne (France), 56 ans :
Le quinquagénaire avait été le premier candidat à se lancer dans l’arène, en janvier 2014, défendant la « multipolarité du football » et souhaitant donner davantage de pouvoir aux fédérations nationales au détriment des confédérations au sein du comité exécutif. Le Francilien a travaillé à la FIFA entre 1999 et 2010, notamment comme conseiller diplomatique de Joseph Blatter, secrétaire-général adjoint de l’institution puis directeur des relations internationales. Depuis son départ de la FIFA, il conseille les fédérations de Chypre du Nord, de la Palestine et du Kosovo.
Bénéficiant du soutien de l’icône brésilienne Pelé, il a effectué une tournée mondiale (IndeHongrie, etc.) afin de défendre ses idées tout en rédigeant plusieurs lettres thématiques. Mercredi 21 janvier, il était présent à Bruxelles (Belgique) pour le lancement du mouvement « New FIFA now », initié par le patron de l’équipementier sportif Skins et homme d’affaires australien Jaime Fuller. Quelques jours auparavant, il avait indiqué qu’il lui manquait encore les parrainages nécessaires pour faire valider sa candidature.

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L'ex-secrétaire-général adjoint de la FIFA Jérôme Champagne, candidat à la présidence de la fédération.
L'ex-secrétaire-général adjoint de la FIFA Jérôme Champagne, candidat à la présidence de la fédération. | Reuters

« Je vais tout tenter jusqu’à demain à minuit, confiait-il à L’Equipe, mercredi 28 janvier. Mais c’est dur pour un candidat comme moi. Depuis que van Praag s’est déclaré, j’ai perdu trois lettres de fédérations européennes. Certains ont des moyens sonnants et trébuchants pour convaincre… Pas moi. A l’arrivée, on va avoir une opposition entre la FIFA et l’UEFA et on oublie les vrais enjeux. (…) Dans cette campagne, cela tourne à l’anti-blatterisme primaire. Mais Blatter va gagner. Pour ma part, si je n’ai pas les parrainages nécessaires, je continuerai comme citoyen du football. Et, le moment venu, je soutiendrai le candidat le plus proche de mes idées. »
David Ginola (France), 48 ans :
Avec Luis Figo, il est le deuxième ancien joueur international à s’être lancé dans la course. L’ex-attaquant des Bleus et du Paris-Saint-Germain a déclaré sa candidature à la mi-janvier, s’attirant un torrent de moqueries et de railleries. Le consultant vedette de Canal+ a notamment proposé d’organiser le Mondial féminin juste après la Coupe du monde masculine.

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L'ex-attaquant des Bleus et du PSG David Ginola, candidat à la présidence de la FIFA.
L'ex-attaquant des Bleus et du PSG David Ginola, candidat à la présidence de la FIFA. | AP

« El Magnifico » est sponsorisé par le site irlandais de paris en ligne Paddy Power. Son partenaire avait financé sa campagne à hauteur de 330 000 euros. Alors qu’il avait lancé une souscription avec l’objectif de recueillir 3 millions d’euros, il n’a récolté à ce jour que 6 700 euros.
Sauf surprise, l’ancien tricolore ne devrait pas recueillir les cinq parrainages nécessaires. « De l’espoir, j’en ai toujours, mais il faut reconnaître que c’est assez bloqué pour un candidat libre comme moi, qui n’a pas de soutien au sein de l’institution », a-t-il déclaré au Parisien, mardi 27 janvier. Il assurait pourtant avoir eu des « retours positifs » de certaines fédérations, « notamment les plus petites ».


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